"Photo de classe" est un web-documentaire réalisé au cours de l'année scolaire 2012-2013 par la classe de CE2 de Julie Noel, à l'école Gustave Rouanet dans le 18 ème arrondissement de Paris.
Quelle joie de voir, dans une école publique et au primaire, se mettre en place un projet aussi pluridisciplinaire, intéressant et nécessaire. Car il est en effet nécessaire, en France et probablement dans le monde, de parler de diversité (culturelle, ethnique, philosophique, religieuse, etc) à l'école. Pourquoi? Mais parce que l'école publique est à la fois un formidable incubateur à diversité et un terrain d'expérience hors paire pour en comprendre les enjeux, les problématiques et les défis qui en découlent.
Mais ce qui est vraiment touchant dans ce projet, ce sont ces enfants qui parlent, avec leurs mots, de ce qu'est le racisme, le rejet de l'autre, de ce qu'ils et elles sont, et de ce qu'est l'autre pour eux. Ces mots d'enfants qui peuvent paraître trop simple disent, au contraire, ce que des mots compliqués d'adultes ne savent pas exprimer: vivre ensemble dans nos différences ce n'est pas si compliqué. Il suffit peut-être juste d'aller à la rencontre de l'autre pour le découvrir; mais il faut aussi aller à la rencontre de soi-même, de ses origines, pour se découvrir et se définir. Et c'est ce processus que montre ce web-documentaire. À travers des vidéos courtes, on découvre ces enfants qui ont des origines différentes, qui parlent souvent plusieurs langues, dont les parents ne parlent parfois pas français; on découvre surtout ces enfants se découvrir à travers l'histoire de leurs parents et la leur; et on les voit prendre doucement et naturellement conscience de la diversité du monde dans lequel ils et elles vivent (à plusieurs échelles la famille, la classe, la ville, le pays, etc).
Ce type d'initiative est tellement rare (pédagogie de projet sur la diversité) en France dans les écoles publiques, qu'il est important de le mettre en lumière et de s'en inspirer. D'abord, car le travail des enfants et de leur enseignante est fantastique. Le résultat final est très lisible, esthétique, attractif, et dynamique; le ton est juste, jamais moralisateur. Ensuite, car il permet de travailler sur des compétences très variée en donnant du sens aux apprentissages. Par exemple, les enfants ont probablement dû apprendre à utiliser une caméra, et à monter des vidéos. Ils et elles ont dû rédiger la trame du projet (travail sur la langue écrite et la mise en place d'étapes de recherche et de production), imaginer les questions qu'ils et elles allaient poser à leurs parents, ou encore répondre de façon claire et pertinente à des questions sur un sujet plutôt complexe et abstrait (réflexion, expression orale). Enfin, ce projet est le reflet d'un rapport sain et apaisé à la diversité. Il montre l'importance cruciale du dialogue comme support de la rencontre avec l’altérité et la différence. Et le bonus est que l'on peut réutiliser ce web-documentaire comme support pour lancer un projet similaire ou des groupes de discussion (avec les enfants et même les parents) autour du thème de la diversité.
Pour finir, "photo de classe" montre ce que l'on ne voit plus (ou ce que l'on ne veut plus voir pour différentes raisons): la diversité au sain de ce groupe particulier d'individus qu'est la classe, et que certain(e)s voudraient rendre homogène pour plus de "practicité" (ou pour des raisons obscures). Mais la diversité est une des principales caractéristiques du vivant, et comme on ne peut l'effacer (par exemple en imposant une forme de laïcité qui veut gommer toutes les différences pour supprimer l'individualité) nous n'avons pas le choix d'y faire face, et nous devons apprendre à l'apprivoiser et à la montrer comme une chance et un défi pour les adultes des générations futures, les enfants.
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