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  • Writer's pictureMarie Dps

Séquence Récits et Légendes - Séance 6-9 ans: La création du monde.

Updated: Aug 27, 2018

Cette séance a pour but d'aborder le genre littéraire qui regroupe les récits et les légendes mythologiques à travers des "documents" variés, dans leur fond et dans leur forme, autour de la genèse du monde.


Source: Fantasia 2000, L'oiseau de feu.


Le vocabulaire qui peut être abordé et défini pendant cette séance: genèse, mythe, légende, conte, récit


Compétences travaillées pendant cette séance: ouverture et enrichissement culturel, expression orale, concentration vis-à-vis de différents supports, analyse de texte (écouté ou lu), réflexion philosophique sur comment et pourquoi raconter la même chose de différentes manières, création d'un récit propre, d'un dessin, d'une chanson en individuel ou en groupe.


La première partie de cette séance porte sur la légende huronne de la tortue Terre. L'idée est de mettre en avant la composante orale de la légende ou du récit mythologique. L'enseignant(e) peut commencer en donnant un petit "spectacle" aux enfants (car la tradition orale donne souvent lieu à des formes de mise en scène quelques soient les cultures dans lesquelles elle est pratiquée). Baisser la lumière, mettre en marche une veilleuse projetant des étoiles mouvantes sur les murs, permettre aux enfants de s'installer confortablement en cercle autour de la conteuse ou du conteur (pour ceux et celles qui le souhaitent), porter un objet qui mette l'enseignant(e) dans le rôle de conteuse ou conteur aux yeux des enfants (par exemple, un chapeaux, un sceptre de bois, une formule magique à répéter, c'est un objet symbolique qui permet aux enfants et à l'adulte de rentrer dans un autre univers, c'est une clé de passage vers l'imaginaire). Cette mise en scène n'a pas que pour but de divertir les élèves et l'enseignant(e), elle permet aussi aux enfants de sentir l'essence des légendes et des mythes. Car ces types de récits touchent à des choses mystérieuses et inconnues et sont en lien direct avec la spiritualité, l'invisible.

L'enseignant(e) peut aussi mettre de la musique traditionnelle huronne en fond sonore, très bas.

Puis, vient le moment de raconter. Et non de lire! En effet, le support du récit dans ce cas est l'oral, la mémoire, et l'enseignant(e) doit donc s'être bien imprégné(e) de l'histoire (et non nécessairement l'avoir apprise par cœur) pour la raconter aux élèves de façon sentie et vivante.

Voici une version de la légende de la tortue Terre que je trouve très bien tournée.


" La création du monde

Légende huronne-wendat

Il y a fort longtemps, les Hurons-Wendat vivaient de l’autre côté du ciel. Un jour, une jeune femme, nommée Aataensic, creuse au pied d’un grand arbre à la recherche de racines pour guérir son mari malade. Par malheur, la jeune femme, qui est enceinte, perd pied et tombe dans un trou du ciel. Deux Grandes Oies sauvages aperçoivent la jeune fille dans sa chute vertigineuse; déployant leurs ailes immenses, elles se précipitent vers la malheureuse et la sauvent d’une noyade certaine en la juchant sur leur dos.

Ne sachant que faire, les Grandes Oies s’adressent à la Grande Tortue qui nage dans cet océan des premiers âges. Reconnue entre tous pour sa sagesse, la Grande Tortue décide sur le champ de convoquer un conseil réunissant tous les animaux aquatiques dans le but de trouver une solution. Elle s’adresse à eux et demande aux animaux les plus valeureux de lui ramener quelques grains de terre des profondeurs de l’océan. Parmi les nageurs aguerris, la Loutre, le Rat Musqué et le Castor plongent tour à tour, mais tous les trois reviennent bredouilles, complètement épuisés par l’effort, et rendent l’âme aussitôt. La situation est désespérée.

Le vieux Crapaud se porte volontaire et plonge aussitôt vers les profondeurs de l’abîme. Bien plus tard, alors que tous le croient disparu à jamais, le Crapaud refait surface avec un peu de terre dans la gueule. Cette terre est déposée sur le dos de la Grande Tortue avec soins et très rapidement, cette poignée de terre devient une grande île toute verte (l’Amérique). La jeune fille s’établit sur cette île et donne naissance à son enfant. Cette île est nommée Wendake et elle abrite désormais la nation Huronne-Wendat. Depuis ce temps, lorsque la Grande Tortue bouge, la Terre se met à trembler."

Source: http://jeanpierremondor.tripod.com/id22.html


Et en musique de fond, pourquoi pas:



Lorsque le temps de l'histoire est fini, l'enseignant(e) peut poser des questions aux élèves pour savoir ce qu'ils/elles ont compris, aimé, retenu de l'histoire. Puis il/elle peut parler du peuple Huron-Wendat en montrant des images, par exemple. Il est aussi important d'insister sur la notion de transmission culturelle et sur son interculturalité (car raconter et transmettre oralement se retrouve dans de nombreuses cultures). L'enseignant(e) peut même faire remarquer que lorsque les parents ou les grands-parents racontent des souvenirs aux enfants, ils perpétuent la mémoire familiale de façon orale. C'est donc quelque chose que les élèves connaissent dans leur quotidien.


La deuxième partie de la séance est basée sur un support vidéo, un extrait de Fantasia 2000, L'oiseau de feu:



Le support vidéo est intéressant, dans ce cas, car il permet une double lecture: visuelle et auditive. Les élèves sont donc appelé(e)s à mobiliser ces deux sens et à analyser le récit en analysant à la fois, ce qu'ils/elles voient et ce qu'ils/elles entendent. L'enseignant(e) peut aussi en profiter pour faire découvrir Igor Stravinsky aux élèves.

L'analyse peut se faire à l'oral, l'enseignant(e) peut poser une question ouverte: "Qu'avez-vous compris/ressenti/aimé? De quoi parle l'histoire?"; et/ou des questions plus ciblées: "Qui ou que représente la jeune fille? Qui ou que représente le cerf? Que se passe-t-il pour ces deux personnages? Qui est le troisième personnage? Qui ou que représente-t-il? Que signifie la fin de l'histoire?, etc".

Enfin, la question que l'enseignant(e) doit poser est: "Quelle est la différence entre ce récit et le premier? (le support, l'histoire en elle-même, l'origine culturelle, etc) Laquelle de ces deux légendes avez-vous préféré? Avez-vous aimé les deux? (Mais surtout!) Pourquoi? (Car, il est essentiel d'encourager les enfants à justifier leurs réponses dès le plus jeune âge)".


La troisième étape constitue une approche du récit mythologique de la création du monde par l'intermédiaire du support écrit. Deux options sont possibles, une légende africaine et/ou le chapitre 1 du texte de la genèse issu de la Bible.

La légende africaine est la suivante:

" La création du monde

d’après "Le cycle de la vie ou comment le monde fut créé"

Il y a très, très longtemps, au tout début du premier commencement, un lézard et un oeuf ont eu envie de manger du raisin. Ils partent donc dans la brousse et cherchent un beau raisinier (arbre à petits fruits rouges et sucrés). Ils cherchent beaucoup, ils cherchent longtemps et finissent par trouver un beau raisinier chargé de fruits. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, le lézard est dans les branches. L’œuf, lui, a du mal. Il essaye de grimper mais il n’y arrive pas. Le lézard descend alors et l’aide. Il soulève l’œuf et le pose par derrière. Il pousse, il pousse et réussit enfin à le hisser dans les branches. Et là, tous les deux se mettent à manger du raisin. Ils en mangent tant et tant qu’ils en ont plein la panse, ils ne peuvent plus avaler un seul grain. Ils décident de redescendre. L’œuf a du mal, il roule, il glisse. Il crie au lézard qui est déjà en bas depuis un moment :

- Fais-moi un tas de terre molle et de feuilles au pied de l’arbre, comme ça si je tombe, je ne me casserai pas!

Le lézard fait comme son ami le lui a demandé, un tas de terre et de feuilles mais il glisse, au beau milieu, une grosse pierre. L’œuf tombe et se casse en mille morceaux. Le lézard se met à rire, il rit comme un fou, quand une herbe coupante vient lui trancher le cou ! Plus de lézard ! L’herbe coupante se met à rire, elle éclate de rire quand un feu la brûle. Plus d’herbe ! Le feu se met, à son tour à rire, il hurle de rire quand l’eau vient l’éteindre. Plus de feu ! L’eau se met à rire, elle rit aux larmes quand les animaux sauvages viennent la boire. Plus d’eau ! Les animaux sauvages se mettent alors à rire, ils rient à gorge déployée quand les chasseurs viennent les tuer. Plus d’animaux sauvages ! Ce sont les chasseurs qui rient maintenant. Ils rient de toutes leurs dents quand la mort vient les tuer. Plus de chasseurs ! C’est au tour de la mort de rire, elle s’étouffe de rire quand la vie vient la foudroyer. Plus de mort ! La vie ne peut pas s’empêcher de rire, elle rit de bon cœur quand Dieu vient la détruire. Plus de vie ! Le monde, lui-même, est anéanti. Dieu est très sérieux. Il n’a pas ri, ni même souri. Et quand le vieux monde est complètement anéanti, Dieu crée un nouveau monde, celui-là même où l’on vit, vous et moi, aujourd’hui, ici.

Cela s’est passé comme ça, et pas autrement."

source: La création du monde d’après "Le cycle de la vie ou comment le monde fut créé", http://www.contesafricains.com/article.php3?id_article=31


Le texte de la genèse est accessible via ce lien:

https://bible.catholique.org/livre-de-la-genese/3507-chapitre-1


L'enseignant(e) peut lire les textes à voix haute et les donner à lire aux élèves ensuite, ou alors il/elle peut proposer à un/une élève de lire l'un des textes à ses camardes, ou encore, chaque élève peut lire dans sa tête.

Quand la lecture est terminée, on passe à l'analyse de texte à l'oral et/ou à partir d'une petite fiche de questions de compréhension écrite. Quelque soit la méthode retenue par l'enseignant(e), il est bon pour les élèves qu'il/elle pose les premières bases de l'analyse rigoureuse de texte et de document (source? fiable ou pas? auteur? époque? contexte? but du texte? lecteurs/lectrices visé(e)s? etc) et d'organisation des éléments de cette analyse (en adaptant cela au niveau primaire bien sûr).


La quatrième étape est une étape de création libre. Par groupe, en classe entière, ou individuellement, les élèves se lancent dans une phase de création. Ils/elles doivent imaginer leur propre récit de création du monde. L'idée est qu'ils/elles utilisent le support de leur choix parmi: une petite pièce de théâtre, un texte, un dessin, une danse. L'enseignant(e) peut utiliser cette occasion pour garder une trace des créations des élèves pour les mettre en valeur lors d'une présentation aux parents.

Dans le cadre de cette séance, j'ai moi-même enregistré un élève qui me jouait son récit de création du monde (je précise qu'il a complètement improvisé à l'oral):



À la fin de la séance, les élèves sont amenés à présenter leurs créations à leurs camarades. Et le rôle de l'enseignant(e) est d'amener les élèves à analyser et à s'exprimer sur ce qui leur est présenté.


Pour aller plus loin: l'enseignant(e) peut proposer, dans une autre séance, d'aller plus loin en exploitant ce document "Les mythes de la création du monde".


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